Traduit par Joan Laki
Conférence radiophonique, Station KECA, Los Angeles
Avez-vous déjà eu une prière exaucée? Que ne donneraient pas les hommes pour avoir la certitude que lorsqu’ils prient, quelque chose de précis se produit. Pour cette raison, j’aimerais prendre un peu de temps pour voir pourquoi certaines prières sont exaucées et d’autres tombent apparemment en terrain sec. «Lorsque vous priez, croyez que vous avez reçu, et vous recevrez». Croyez que vous avez reçu — c’est la condition imposée à l’homme. Si nous ne croyons pas que nous avons reçu, notre prière ne sera pas exaucée. Une prière — exaucée — implique que quelque chose est fait en conséquence de la prière qui, autrement, n’aurait pas été faite. Par conséquent, celui qui prie est le ressort de l’action (l’esprit directeur) et celui qui accorde la prière. Cette responsabilité, l’homme refuse de l’assumer, car il semble que la responsabilité soit le cauchemar invisible de l’homme.
Le monde naturel tout entier est bâti sur la loi. Pourtant, entre la prière et sa réponse, nous ne voyons aucune relation de ce genre. Nous pensons que Dieu peut répondre à notre prière ou l’ignorer, que notre prière peut toucher la cible ou la manquer. L’esprit ne veut toujours pas admettre que Dieu se soumet à ses propres lois. Combien de personnes croient qu’il existe, entre la prière et sa réponse, une relation de cause à effet?
Examinons les moyens employés pour guérir les dix lépreux, tels qu’ils sont relatés dans le dix-septième chapitre de l’Évangile de saint Luc. Ce qui nous frappe dans ce récit, c’est la méthode employée pour élever leur foi à l’intensité nécessaire. On nous dit que les dix lépreux demandèrent à Jésus d’avoir «pitié» d’eux, c’est-à-dire de les guérir. Jésus leur ordonna d’aller se montrer aux prêtres, et «comme ils allaient, ils furent purifiés». La loi mosaïque exigeait que lorsqu’un lépreux guérissait de sa maladie, il devait se montrer au prêtre pour obtenir un certificat de bonne santé. Jésus a mis la foi des lépreux à l’épreuve et leur a fourni un moyen d’élever leur foi à sa pleine puissance. Si les lépreux refusaient d’y aller, ils n’avaient pas la foi et ne pouvaient donc pas être guéris. Mais, s’ils lui obéissaient, la pleine réalisation de ce qu’impliquait leur voyage pénétrerait leur esprit pendant qu’ils iraient et cette pensée dynamique les guérirait. Ainsi, nous lisons : «En chemin, ils furent purifiés».
Vous avez sans doute souvent entendu les paroles de ce vieux cantique inspirant : «Oh, quelle paix nous perdons souvent, oh, quelle douleur inutile nous supportons, tout cela parce que nous ne portons pas tout à Dieu dans la prière». J’ai moi-même acquis cette conviction par expérience, en étant amené à réfléchir sur la nature de la prière. Je crois à la pratique et à la philosophie de ce que les hommes appellent prière, mais tout ce qui reçoit ce nom n’est pas vraiment prière.
La prière est l’élévation de l’esprit vers ce que nous cherchons. Le tout premier mot de la correction est toujours «s’élever». Il faut toujours élever l’esprit vers ce que nous recherchons. Cela se fait facilement en assumant le sentiment du souhait réalisé. Que ressentiriez-vous si votre prière était exaucée? Eh bien, assumez ce sentiment jusqu’à ce que vous viviez en imagination, ce que vous vivriez en réalité si votre prière était exaucée. Prier, c’est se mettre mentalement en action.
Cela signifie maintenir l’attention sur l’idée du souhait exaucé jusqu’à ce qu’elle remplisse l’esprit et évince toutes les autres idées de la conscience. Cette affirmation selon laquelle prier signifie se mettre mentalement en action et maintenir son attention sur l’idée du souhait exaucé jusqu’à ce qu’il remplisse l’esprit et chasse toutes les autres idées de la conscience, ne signifie pas que la prière est un effort mental — un acte de volonté. Au contraire, la prière doit être opposée à un acte de volonté. La prière est un abandon. C’est s’abandonner au sentiment de l’accomplissement du souhait. Si la prière n’apporte pas de réponse, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans la prière et la faute est généralement due à un effort trop important. Une grave confusion s’installe dans la mesure où les hommes identifient l’état de prière à un acte de volonté, au lieu de l’opposer à un acte de volonté. La règle souveraine est de ne pas faire d’effort, et si on l’observe, on tombe intuitivement dans la bonne attitude.
La créativité n’est pas un acte de volonté, mais une réceptivité plus profonde — une susceptibilité plus vive. L’acceptation de la fin — l’acceptation de la prière exaucée — trouve les moyens de sa réalisation. Sentez-vous dans l’état de la prière exaucée jusqu’à ce que cet état remplisse l’esprit et évince tous les autres états de votre conscience. Ce à quoi nous devons travailler n’est pas le développement de la volonté, mais l’éducation de l’imagination et la stabilisation de l’attention. La prière réussit en évitant les conflits. La prière est, avant tout, facile. Son plus grand ennemi est l’effort. Le puissant ne s’abandonne pleinement qu’à ce qui est le plus doux. La richesse du ciel ne peut pas être saisie par une volonté forte, mais elle s’abandonne, comme un don gratuit, à l’instant dépensé par Dieu. Le long des lignes de moindre résistance se déplacent les forces spirituelles aussi bien que physiques.
Nous devons agir en partant du principe que nous possédons déjà ce que nous désirons, car tout ce que nous désirons est déjà présent en nous. Il ne demande qu’à être réclamé. Le fait qu’il faille le réclamer est une condition nécessaire à la réalisation de nos désirs. Nos prières sont exaucées si nous assumons le sentiment du souhait exaucé et continuons dans cette hypothèse. L’un des plus beaux exemples d’une prière exaucée, je l’ai vu dans mon propre salon. Une dame très charmante venue de l’extérieur de la ville est venue me voir au sujet de la prière. Comme elle n’avait personne à qui laisser son fils de huit ans, elle l’a amené avec elle le temps de notre entretien.
Apparemment, il était occupé à jouer avec un camion-jouet, mais à la fin de l’entretien avec sa mère, il a dit : «M. Neville, je sais comment prier maintenant. Je sais ce que je veux — un chiot collie — et je peux imaginer que je le serre dans mes bras tous les soirs sur mon lit.» Sa mère lui a expliqué, ainsi qu’à moi, les impossibilités de sa prière, le coût du chiot, leur maison exiguë, et même son incapacité à s’occuper correctement du chien. Le garçon a regardé sa mère dans les yeux et a simplement dit : «Mais, maman, je sais comment prier maintenant.» Et il l’a fait. Deux mois plus tard, lors d’une «Semaine de la bonté envers les animaux» dans sa ville, tous les écoliers devaient écrire une rédaction sur la façon dont ils aimeraient et soigneraient un animal de compagnie. Vous avez deviné la réponse. Son essai, sur les cinq mille soumis, a remporté le prix, et ce prix, remis par le maire de la ville au garçon — était un chiot de collie. Le garçon a vraiment assumé le sentiment de voir son vœu exaucé, en serrant dans ses bras et en aimant son chiot tous les soirs.
La prière est un acte d’amour imaginatif qui sera le sujet de mon message dimanche matin prochain à 10 h 30 au Fox Wilshire Theater sur Wilshire Boulevard près de La Cienega. Je souhaite, dimanche prochain, vous expliquer comment, comme le jeune garçon, vous pouvez vous abandonner aux belles images de vos désirs et persister dans votre prière même si, comme le garçon, on vous dit que vos désirs sont impossibles.
La nécessité de la persistance dans la prière nous est montrée dans la Bible. «Lequel d’entre vous, demanda Jésus, ira vers lui à minuit, et lui dira : mon ami, prête-moi trois pains; car un de mes amis revient d’un voyage et je n’ai rien à lui présenter; et lui, de l’intérieur, répondra : “Ne me dérange pas; la porte est maintenant fermée et mes enfants sont couchés avec moi; je ne peux pas me lever et te donner”. Je vous le dis, bien qu’il ne se lève pas et ne lui donne pas parce qu’il est son ami, cependant, à cause de son importunité, il se lèvera et donnera autant qu’il en aura besoin.» Luc 2. Le mot traduit par «importunité» signifie, littéralement, impudence éhontée. Nous devons persister jusqu’à ce que nous réussissions à nous imaginer dans la situation de la prière exaucée. Le secret du succès se trouve dans le mot «persévérance». L’âme, qui s’imagine dans l’acte, assume les résultats de l’acte. En ne s’imaginant pas dans l’acte, elle est toujours libre du résultat. Vivez en imagination ce que vous vivriez dans la réalité si vous étiez déjà ce que vous voulez être, et vous assumerez le résultat de cet acte. Ne vivez pas en imagination ce que vous voulez vivre dans la réalité et vous serez toujours libre du résultat. «Quand vous priez, croyez que vous avez reçu, et vous recevrez». Il faut persister jusqu’à ce qu’il atteigne son ami à un niveau de conscience supérieur. Il doit persister jusqu’à ce que le sentiment du souhait réalisé ait toute la vivacité sensorielle de la réalité.
La prière est un rêve éveillé, contrôlé. Si nous voulons prier avec succès, nous devons maintenir notre attention pour observer le monde tel qu’il serait vu par nous si notre prière était exaucée.
Le maintien de l’attention ne fait appel à aucune faculté particulière, mais il exige le contrôle de l’imagination. Nous devons étendre nos sens — observer notre relation modifiée avec notre monde et faire confiance à cette observation. Le Nouveau Monde n’est pas à saisir, mais à sentir, à toucher. La meilleure façon de l’observer est d’en être intensément conscient. En d’autres termes, nous pouvons, en écoutant comme si nous entendions et en regardant comme si nous voyions, entendre des voix et voir des scènes de l’intérieur de nous-mêmes qui, autrement, ne seraient ni audibles ni visibles. Avec notre attention concentrée sur l’état désiré, le monde extérieur s’écroule et alors le monde — comme la musique — par un nouveau réglage, transforme toutes ses discordes en harmonies. La vie n’est pas une lutte, mais un abandon. Nos prières sont exaucées par les pouvoirs que nous invoquons et non par ceux que nous exerçons. Tant que les yeux sont attentifs, l’âme est aveugle — car le monde qui nous émeut est celui que nous imaginons, pas celui qui nous entoure. Nous devons céder tout notre être au sentiment d’être la personne noble que nous voulons être. Si quelque chose est retenu, la prière est vaine. Nous sommes souvent privés de notre but élevé par notre effort pour le posséder. Nous sommes appelés à agir en partant du principe que nous sommes déjà l’homme que nous voudrions être. Si nous le faisons sans effort — en vivant en imagination ce que nous vivrions dans la chair si nous réalisions notre but, nous découvrirons que nous le possédons effectivement. La touche de guérison se trouve dans notre attitude. Nous n’avons rien d’autre à changer que notre attitude à son égard. Supposez une vertu si vous ne l’avez pas, supposez le sentiment de votre désir accompli. «Priez pour mon âme; la prière accomplit plus de choses que ce monde ne peut en rêver.»
Par Neville Goddard
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