Soyez ce que vous désirez être

Nous entendons beaucoup parler de l’homme humble, de l’homme doux — mais qu’est-ce qu’un homme doux? Il n’est pas pauvre et rampant, le légendaire paillasson, comme on le conçoit généralement. Les hommes qui se transforment en vers à leurs propres yeux ont perdu la vision de cette vie — à la ressemblance de laquelle l’esprit a pour véritable but de transformer cette vie. Les hommes devraient prendre leurs mesures non pas à partir de la vie telle qu’ils la voient, mais à partir d’hommes comme le Dr Millkan, qui, bien que pauvre et non prouvé, a osé assumer : «J’ai un revenu somptueux, régulier, fiable, en accord avec l’intégrité et le bénéfice mutuel». De tels hommes sont les doux de l’Évangile, les hommes qui héritent de la terre. Toute conception de soi inférieure au meilleur nous prive de la terre. La promesse est la suivante : «Heureux les doux, car ils auront la terre en héritage.» Dans le texte original, le mot traduit par doux est l’opposé des mots — rancunier — colérique. Il a le sens de devenir «apprivoisé» comme un animal sauvage est apprivoisé.

Après avoir été apprivoisé, l’esprit peut être comparé à une vigne, dont on peut dire : «Voici cette vigne. Je l’ai trouvée comme un arbre sauvage dont la force démesurée avait gonflé en rameaux irréguliers. Mais j’ai taillé la plante, et elle a grandi tempérée dans sa vaine dépense de feuilles inutiles, et nouée comme vous le voyez en ces grappes nettes et pleines pour rendre la main qui l’a sagement blessée.»

Un homme doux est un homme autodiscipliné. Il est si discipliné qu’il ne voit que le meilleur, il ne pense qu’au meilleur. Il est celui qui réalise la suggestion : «Frères, quelles que soient les choses vraies, quelles que soient les choses honnêtes, quelles que soient les choses justes, quelles que soient les choses pures, quelles que soient les choses charmantes, quelles que soient les choses de bonne réputation; s’il y a quelque vertu et s’il y a quelque louange, pensez à ces choses.»

Nous nous élevons à un niveau de conscience supérieur, non pas parce que nous avons réfréné nos passions, mais parce que nous avons cultivé nos vertus. En vérité, un homme doux est un homme qui contrôle complètement ses humeurs, et ses humeurs sont les plus élevées, car il sait qu’il doit garder une humeur élevée s’il veut marcher avec les plus élevés.

Je crois que tous les hommes peuvent, comme le Dr Millikan, changer le cours de leur vie. Je crois que la technique du Dr Millikan, qui consiste à faire de son désir un fait présent pour lui-même, est d’une grande importance pour tout chercheur de la «vérité». C’est aussi son but élevé d’être «mutuellement bénéfique» qui est inévitablement le but de nous tous. Il est beaucoup plus facile d’imaginer le bien de tous que d’être purement égoïste dans notre imagination. Par notre imagination, par nos affirmations, nous pouvons changer notre monde, nous pouvons changer notre avenir.

Pour l’homme aux objectifs élevés, pour l’homme discipliné, c’est une mesure naturelle, alors devenons tous des hommes disciplinés. Dimanche matin prochain, le 15 juillet, je parlerai en tant qu’invité du Dr Bailes à 10 h 30 au Fox-Wilshire Theater sur Wilshire Boulevard, près de La Cienega. Mon sujet pour dimanche prochain est «Changer votre avenir». C’est un sujet qui nous tient tous à cœur. J’espère que vous viendrez tous dimanche pour apprendre comment devenir l’homme discipliné, l’homme doux, qui «change son avenir» au profit de son prochain. Si vous êtes observateurs, vous remarquerez l’écho ou la réponse rapide à votre humeur dans ce message et vous pourrez l’adapter aux circonstances de votre vie quotidienne. Lorsque nous sommes certains de la relation entre l’humeur et les circonstances dans nos vies, nous accueillons ce qui nous arrive. Nous savons que tout ce que nous rencontrons fait partie de nous-mêmes.

Dans la création d’une nouvelle vie, nous devons commencer par le début, par un changement d’humeur. Chaque bonne humeur de l’homme est l’ouverture de la porte vers un niveau supérieur pour lui. Façonnons notre vie autour d’un état d’esprit élevé ou d’une communauté d’états d’esprit élevés. Les individus, comme les communautés, se développent spirituellement dans la mesure où ils s’élèvent à un idéal plus élevé. Si leur idéal est abaissé, ils s’enfoncent dans ses profondeurs; si leur idéal est exalté, ils s’élèvent à des hauteurs inimaginables. Nous devons garder l’humeur élevée si nous voulons marcher avec les plus élevés; les hauteurs, elles aussi, étaient destinées à l’habitation. Toutes les formes d’imagination créatrice impliquent des éléments de sentiment. Le sentiment est le ferment sans lequel aucune création n’est possible. Il n’y a rien de mal à vouloir transcender notre état actuel. Il n’y aurait aucun progrès dans ce monde si l’homme n’était pas insatisfait de lui-même. Il est naturel que nous recherchions une vie personnelle plus belle; il est juste que nous souhaitions une plus grande compréhension, une plus grande santé, une plus grande sécurité. Il est dit dans le seizième chapitre de l’Évangile de saint Jean : «Jusqu’ici, vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit complète.»

L’humanité a besoin d’un renouveau spirituel, mais par renouveau spirituel j’entends une véritable attitude religieuse, une attitude dans laquelle chaque individu, lui-même, accepte le défi d’incarner une valeur nouvelle et plus élevée de lui-même comme l’a fait le Dr Millikan. Une nation ne peut faire preuve d’une plus grande sagesse dans la masse que celle qu’elle génère dans ses unités. C’est pourquoi j’ai toujours prêché l’entraide, sachant que si nous nous efforçons passionnément d’atteindre ce type d’entraide, c’est-à-dire d’incarner un concept nouveau et plus élevé de nous-mêmes, toutes les autres formes d’aide seront à notre service.

L’idéal que nous servons et que nous espérons atteindre est prêt pour une nouvelle incarnation; mais si nous ne lui offrons pas une filiation humaine, il est incapable de naître. Nous devons affirmer que nous sommes déjà ce que nous espérons être et vivre comme si nous l’étions, sachant, comme le Dr Millikan, que notre hypothèse, bien que fausse pour le monde extérieur, si nous persistons, se transformera en fait.

L’homme parfait ne juge pas selon les apparences; il juge avec droiture. Il se voit et voit les autres comme il désire qu’ils soient. Il entend ce qu’il veut entendre. Il ne voit et n’entend que le bien. Il connaît la vérité, et la vérité le libère et le conduit au bien. La vérité libérera toute l’humanité. C’est notre renouveau spirituel. Le caractère est en grande partie le résultat de la direction et de la persistance de l’attention volontaire.

«Pensez sincèrement, et vos pensées nourriront la famine du monde;

Parlez avec sincérité, et chacune de vos paroles sera une graine féconde;

Vivez réellement, et votre vie sera un grand et noble credo.»